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La première Gay Pride de l’île Maurice: une interview avec l’organisateur

Nicoas Ritter est l’homme qui a convaincu le gouvernement de fournir les soins pour traiter le SIDA gratuitement. En 2005 il a fondé aussi une association pour les gays et les lesbiennes.

di , Gay.tv, 9 agosto 2006

Nicolas Ritter a été pendant longtemps steward à Air Mauritius. Mais il est surtout connu dans l’île pour avoir fondé PILS, Prévention Information et Lutte contre le Sida (une association non-gouvernementale) et pour avoir été le premier Mauricien à parler ouvertement de sa séropositivité. Nicolas, 38 ans, est le copain d’un joli garçon mauricien Patrice: «Depuis bientôt trois ans – explique-t-il – nous vivons ouvertement notre relation». Le 20 mai 2006, à Rose Hill, il a organisé (avec les volontaires du collectif LGBT Arc en ciel) la première Gay Pride de l’île Maurice.

Je fais la connaissance de Nicolas, dans l’après-midi, au siège de PILS à Port Louis, capitale de l’île Maurice. Il fait très chaud. Dans l’association il y a des ordinateurs, et des volontaires et des employés rétribués qui les utilisent. Je suis frappé par le poster «Zero Zero Sex sans préservatifs», où un agent 007 saisit un préservatif comme s’il agissait d’un pistolet. Je vois des malades (même des femmes avec leurs enfants) qui attendent de rencontrer le psychologue ou l’assistante sociale. «Depuis 1996 – m’explique Nicolas – après cinq ans de combat, le gouvernement a finalement accepté de donner gratuitement les antirétroviraux à tous les citoyens qui en ont besoin».

Nicolas est un homme déterminé. Il ressemble à un manager d’entreprise. Il a les yeux azurs, lumineux et vifs. On est assis en plein air, à une table à côté de l’entrée de PILS.

«Le fait d’être séropositif a ouvert mes yeux quant à l’injustice subie par ceux qui vivent avec le VIH. J’ai plus de chance que la majorité des Mauriciens: j’ai en effet la double nationalité (française et mauricienne) ce qui m’a permis de trouver en France, en l’occurrence à la Réunion, des soins qui n’existaient pas à l’île Maurice».

Parle-moi de ta famille.

«Elle est extraordinaire: elle me soutient et ne m’a jamais discriminé. Conscient de cette situation de privilégié, j’ai souhaité m’engager dans ce combat contre le sida afin que chaque mauricien qui aurait contracté le VIH puisse le vivre le mieux possible».

Quand as-tu décidé de parler de ta séropositivité?

«En 2001, au moment où le gouvernement mauricien a finalement accepté de donner gratuitement les antirétroviraux… J’ai donc décidé d’en parler publiquement pour témoigner que l’on puisse vivre tout à fait normalement en prenant correctement ses traitements. La stigmatisation des personnes vivant avec le VIH est encore énorme à Maurice. Mon rêve le plus cher serait que l’infection à VIH soit considérée comme n’importe quelle maladie chronique évolutive, ni plus, ni moins».

L’année dernière (en 2005) tu as fondé Arc en Ciel, une association qui réunit les gays et les lesbiennes mauriciens.

«Le collectif Arc en Ciel n’est pas une association de rencontres, mais une plate-forme citoyenne qui réunit aussi bien des personnes issues de la communauté LGBT que des hétérosexuels. Avant tout, on lutte contre l’homophobie et les discriminations liées à l’orientation sexuelle. Puis, on organise, tous les trois mois, des soirées afin de lever des fonds, rassembler la communauté et lui donner une certaine visibilité».

Où se rencontraient les gays mauriciens avant?

«Parfois dans des petites soirées “underground” sur la côte ouest. Mais, il n’y a pas réellement d’endroits où les gays se rencontrent. Quelques plages du nord ont la réputation d’être plus ou moins des lieux de rencontre, mais cela reste très “discret”. L’apparition d’Internet est un moyen de drague très populaire chez les jeunes gays mauriciens».

S’il existe un thème qui réunit les différentes cultures et religions dans l’île, c’est la condamnation “œcuménique” de l’amour entre deux personnes du même sexe. Quelles sont les conséquences de ces anathèmes dans la vie des gays et lesbiennes mauriciens?

«A l’île Maurice il y a beaucoup de croyants: hindouisme, islam et catholicisme sont très présents. Cela entraîne forcément pas mal de réactions homophobes, surtout de la part des “extrémistes” de ces religions. Mais je dirais qu’au-delà des croyances, ce sont avant tout les coutumes et les traditions qui créent des obstacles dans la relation entre deux personnes du même sexe. Le fait d’être sur une île où tout le monde se connaît n’arrange pas les choses…».

Es-tu croyant?

«Je suis catholique de naissance, mais depuis pas mal d’années j’ai mis ma pratique religieuse au placard. Il n’empêche que même si je crois qu’il existe une entité supérieure, c’est dans l’humanité que je mets ma confiance».

Le gouvernement et la classe politique dirigeante sont-ils en mesure de faire face au thème des droits civils en termes laïcs?

«C’est en tout cas sur cela qu’on travaille. Au niveau de notre constitution, l’île Maurice est un état laïc. De ce fait, les religions ne devraient en principe pas influencer les décisions politiques. Mais la réalité est tout autre et les lobbys religieux sont bien présents. C’est pour cette raison qu’il fallait une mobilisation de la société civile pour rappeler aux politiques que nous vivons dans un état de droit, et s’engager afin d’obtenir les mêmes droits pour tous».

Que signifie pour toi l’organisation de la première gay pride de l’île Maurice?

«C’était un moment extraordinaire! Le Maire de Rose Hill, mais également le Ministre de La Justice et des droits humains, sont venus marcher avec nous. Il y avait également Marie Michèle Etienne, une star locale des médias mauriciens qui est aujourd’hui la marraine de notre association. Environ 600 personnes ont marché, dans une atmosphère très joyeuse et pleine d’émotion. C’était très fort! Nous avons eu droit à une excellente couverture médiatique que ce soit de la presse locale ou internationale. La gay pride de l’année prochaine promet d’être encore mieux, avec pas mal d’innovations. Mais, chut, c’est une surprise…».

Si vous désirez contacter Nicolas: nritter@intnet.mu ou pils@intnet.mu

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Immagini dell'articolo:

Intervista a Nicolas Ritter © p40.it
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Nicolas Ritter © gaydar.it
Nicolas Ritter © gaydar.it
Patrice © gaydar.it
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Nicolas Ritter © p40.it
Nicolas Ritter e il poster "Zero Zero Sex sans préservatifs" nell'associazione PILS © p40.it
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Dhiren Moher © p40.it
Dhiren Moher, presidente di PILS © p40.it
Mauritius, 20 maggio 2006 © gay.tv
Mauritius, 20 maggio 2006 © gay.tv
Nicolas Ritter
Nicolas Ritter al Gay Pride di Mauritius © p40.it
Mauritius Pride 2006
Mauritius Pride 2006 © Nicolas Ritter
Mauritius Pride 2006
Walk for gay rights © Nicolas Ritter
Mauritius Pride 2006
My best friend is gay © Nicolas Ritter
Mauritius Pride 2006
Le droit d'aimer... © Nicolas Ritter
Mauritius Pride 2006
Le droit de vivre ma vie © Nicolas Ritter

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